LE VOISIN de Tatiana de Rosnay****

Colombe Barou, cette épouse fidèle, cette mère parfaite, cet écrivain de l’ombre. En emménageant dans son nouvel appartement, elle pense continuer à vivre sa vie paisible. C’est sans compter sur son voisin du dessus, déterminé à lui faire vivre un cauchemar, les nuits où son mari est en déplacement. Ca commence avec de la musique en pleine nuit au-dessus de sa chambre, ça finit avec des objets disséminés dans son appartement jusqu’à LA rencontre. Fatiguée voire carrément épuisée, Colombe croit devenir folle : elle devient agressive, se fait plus rare au boulot, tombe malade, tient tête à son époux, agresse sa sœur… Colombe donne une leçon à son voisin qui pourrait bien se retourner contre elle…

Tatiana de Rosnay est écrivain, scénariste et journaliste. Elle a écrit son premier roman à l’âge de 10 ans dans un cahier d’école. Elle a très vite compris qu’elle ferait de l’écriture, sa vie.

C’est typiquement le genre de bouquins que j’évite de lire car, lisant le soir et étant fragile à tout« ce qui fait peur », je peux vite angoisser avec ces histoires sombres, qui se déroulent la nuit et ne pas en dormir. Je ne me doutais pas un seul instant que Tatiana de Rosnay pouvait écrire dans ce registre, sans la sous-estimer pour autant. Et bien, c’est terriblement réussi !

J’ai beau avoir frémi sous ma couette, je me suis littéralement passionnée pour ce bouquin. Je ne vous cache pas, pour autant, être contente d’être passée à autre chose. Tatiana de Rosnay arrive avec précision et justesse à faire monter le climat d’angoisse et les peurs  de Colombe.

Pourquoi le voisin en veut-il à Colombe ? Pourquoi s’en prend il à elle seulement quand elle est seule ? Qu’à t’elle fait ? Pourquoi ne se montre t’il pas ? Pourquoi ne répond t’il pas à ses coups de téléphone et à ses lettres ? A quoi ressemble t’il ? Le lecteur vit le livre. Le lecteur voudrait réagir, consoler, s’énerver. Mais le lecteur est impuissant, Colombe aussi.

On s’identifie facilement à cette histoire. Qui n’a jamais eu un voisin un peu bruyant qui fait tourner sa machine à laver en pleine nuit, qui organise une fête qui s’éternise… ? Et c’est bien parce que ça sonne vrai, qu’on rentre dans l’intrigue avec une telle facilité. Parce que Colombe, c’est un peu nous. Colombe, la dame toute gentille à qui l’on ne reproche jamais rien. Celle qui subit le fort caractère de sa sœur, les absences de son mari, qui se dévoue entièrement pour ses enfants, qui ne sait pas dire non.

Le voisin, cet homme respectable dans le quartier, lui fera vivre un enfer : du tapage nocturne à l’envie de briser insidieusement son couple en passant par les objets glissés chez elle.  Où est la limite ? Jusqu’où ira t’il ? La folie qui s’empare de Colombe sera progressive à mesure du harcèlement infligé. C’est comme ça que nous voyons d’ailleurs la fulgurante évolution du personnage de Colombe : la dame toute sage devient sadique, elle ne craint plus rien et affronte tous les démons qui hantaient jusqu’à présent sa vie.

Vous l’aurez compris, c’est donc un livre captivant et poignant qu’on n’ose plus reposer sur la table de chevet une fois ouvert. Je ne sais pas si c’est vraiment une réserve que je m’apprête à émettre ou si je ne m’attendais pas du tout à une telle fin mais Colombe finit par ne retirer que du bon de cette expérience, comme une leçon de vie, une dose d’optimisme. Je n’ai pas fait preuve de la même clémence quand j’ai quitté le concierge bruyant !

Encore un essai transformé pour Tatiana de Rosnay !

Aux éditions Le livre de poche
282 pages
1ère publication aux éditions Plon en 2000

Un extrait : Seule dans son lit pour la première fois depuis quinze jours, Colombe glisse un pied, puis un mollet du côté de Stéphane, s'allonge en diagonale. Elle a l'impression de transgresser un interdit. La jouissance qu'elle en tire est délicieuse. Bras et jambes en croix, elle s'endort, prenant possession du lit conjugal. A trois heures, comme toutes les nuits depuis quelques temps, elle se réveille automatiquement. Même s'il n'y a plus de bruit. Quelque chose s'est déréglé en elle. Ses nuits sont interrompues. La qualité de son sommeil n'est plus la même. Elle sent la fatigue qui ne le quitte plus de la journée. Il faut qu'elle répare cette horloge interne, sans somnifères surtout. Comment faire ? Compter les moutons, tisanes au miel, lait tiède, bains chauds avant de se mettre au lit ? Les remèdes de grand-mères ne manquent pas. Elle feme les yeux. Les moutons.

BUT IT'S ALL RIGHT
NOW IN FACT IT'S A GAS
BUT IT'S ALL RIGHT
I'M JUMPING JACK FLASH
IT'S A GAS GAS GAS"

Elle l'a lu : Rien ne se passe comme le lecteur habitué aux films d'horreur ou aux comédies romantiques pourrait s'y attendre : entre thriller domestique, conflit intime et roman initiatique, l'auteure brouille les cartes et conduit son histoire vers une issue aussi subtile qu'innattentdue. Karine Papillaud - Le point.

Comments

[Marcelle]

Ah c'est sûr que pour le coup la fin est... surprenante. Du couo, c'est vrai que j'ai du mal a savoir si la fin me plaît ou pas. Pourquoi la haine s'est elle volatilisée comme ça ?

[La Vie Détachée]

Je garde un bon souvenir de ce livre, mais la fin m'avait tout de même un peu déçue...

[Marcelle]

Superbement terrifiant !



Marcelle //le bouquin du coin

[Fanny]

Superbe !