Alors qu’une de leurs amies s’est suicidée, une bande de trentenaires se retrouve le jour de l’enterrement. A chacun sa façon d’exprimer sa tristesse et ses regrets. Si certains prennent de la distance, les autres resserrent leurs liens et sont plus proches que jamais. Ema, persuadée que le suicide était lié à une sombre affaire professionnelle dans laquelle elle ne peut s’empêcher de fourrer le nez, se retrouve prise dans la tourmente de l’amour alors qu’elle ne le souhaitait pas. Gabrielle est amenée à faire des choix bien différents de ce qui la prédestinait et Alice vient à commettre l’irréparable. L’amitié, c’est pas toujours évident. Fièrement féministes, les trois jeunes femmes, regroupées sous l’identité des Morues, voient leur vie prendre une autre tournure que celle dont elles avaient fixé les règles. Elles accueillent alors Fred,fraîchement largué par une jeune étudiante, qui se retrouve à la gloire d’un blog qu’il voulait anonyme.

Titiou Lecoq est avant tout une blogueuse et une journaliste indépendante. Une des raisons qui m’a poussé à acheter ce bouquin.

Déjà, quand on prend en main, le livre de Titiou, c’est comme un bijou que l’on ne cesse de toucher. Les jambes de Barbie nous annonce un bouquin de fille. Le relief des petits motifs en surbrillance titille notre tactilité. On joue presque avec avant de le lire.

Le lecteur plonge alors dans un monde actuel et terriblement réaliste. Point de fioritures, de nœud-nœud rose et d’histoire romantico-cucul. Titiou Lecoq a les pieds sur terre. Et le livre n’est peut-être pas si girly que ça.

On yparle de notre relation avec les blogs et les réseaux sociaux, de la vie virtuelle où le réel peut aussi basculer. Il y a de la politique, de laculture, de l’amitié, du sens moral… C’est un roman du quotidien qui dérive sur le polar sans faire dans le graveleux. Et si Ema faisait la lumière sur ledécès de son amie ? Un détective des temps modernes à qui il manque beaucoup de technique et qui dérape souvent. Rien ne lui fait peur. Même pas le fait de perdre son emploi. A jouer avec le feu…

C’est là, la force de caractère de cette féministe invétérée qui se surprend à aimer. Une femme moderne avec des considérations actuelles. On sort enfin des carcans archaïques du schéma de la famille et du couple. Titiou, à travers Ema et ses copines, est une femme qui (s’)assume. Et ça fait du bien, en fait.

Ca sent le vrai. C’est presque pas romancé. Comme si c’était son parcours. Les remises en question à la perte d’un job, les doutes sur la vie amoureuse, la question des sentiments, la peur… Tout sonne véridique.

Je retiens tout particulièrement la scène où Ema parle de son viol. Elle évoque alors tout ce qui peut passer par la tête dans un moment de telle détresse. Et si je disais à mon agresseur que j’ai un tampon, me laisserait-il tranquille ? Qu’ai-je fait de mal pour qu’on me punisse ? A travers sa plume, on a l’impression du témoignage. On le (re)vit, c’est fort. Soit, Titiou arrive à se mettre en condition et c’est incroyable soit le vécu est passé par là.

Quoiqu’il en soit, je vous conseille vivement de lire cette petite perle parce qu’au final, c’est simplement de la vie dont il est question dans ce bouquin.

Un extrait : "Le soir même c'était donc DJ Morues au Bottle. Les murs étaients délabrésn les tables bancales et les prix attractifs. Elles avaient commencé 6 mois auparavant un peu par hasard. A l'époque, Ema et Gabrielle étaient encore à peu près les seuls clients du bar. Un soir où elles s'emmerdaient et pestaient contre la musique de merde, le matron les avait mises au défi de faire mieux. Ema avait branché son mp3 aux enceintes et elles avaient dansé comme des folles. Or, un axiome universel simple veut qu'une bande de filles qui dansent seules dans un bar le restent rarement. Les client avaient donc commencer à affluer et le patron lui avait demandé de recommencer une fois par mois. C'était à la même époque que le concept des Morues avait mûri."

Aux éditions Au diable Vauvert
450 pages
22 euros

LES MORUES de Titiou Lecoq****

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